Extra-polisant

Le premier jour de la fin du monde

Dimanche 15 août 2010 à 18:35

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La tête, et par la tête j'évoque l'esprit, est quand même sacrément remuante.
C'est un foutoir. C'est un perpétuel mouvement.

La tête est un foutoir qui remue.


C'est comme tenter de faire 5 fois le tour d'une table sans penser au mot "loup".  Oui, c'est pareil parce que ce n'est pas logique.
Ce n'est pas logique de ne pas pouvoir arrêter de réfléchir sur des émotions que l'on nous affiche comme "naturelles".
Après, la nature, c'est encore autre chose. C'est un bazar qui gigote.

J'ai longtemps voulu retrouver les raisons.
J'aime bien prendre les deux sens du mot "raison", ça me rassure, ça me fait du bien, ça me fait me dire que j'ai le choix, que je peux changer d'une seconde à l'autre d'avis ou d'opinion.
Après, il y a ce qu'on pense réellement. Mais pour ça, il faudrait beaucoup plus de sens au mot "raison" que celui qu'on nous offre.


L'impression que j'ai de notre monde qui meurt, c'est qu'on le fait mourir.
On marche dessus et chaque pas qu'on fait le fissure de plus en plus. Et encore, tout cela n'aurait pas d'importance si on ne faisait que ça.
Mais on a la mauvaise idée de parler, de penser et d'agir.
Et on le fait mal. Tellement mal.


Alors on se réfugie dans les bunkers sociaux : L'amour. L'amitié. La société.
Et on écrit des histoires sans poser un seul mot, on réalise des tas de films sans toucher la moindre caméra. Mais la diffusion se fait en privé, la publicité ne vend pas l'histoire, elle nous vend nous même.

Et ça, c'est toute l'histoire de notre sociabilité.

Jeudi 12 août 2010 à 0:47


 On s'attache parfois vite aux autres, ces Grands Autres tant nommés, sans raison particulière. Pour une aura dégagée, pour un sourire bien placé, pour un intérêt suscité. Parfois par peur d'être seul. Souvent par refus de créer des élites.

 

Alors on se crée une smala nouvelle, peu intéressante mais vivante, bruyante et, oh, comme ils sont nombreux. Loin de s'en gêner, ne tire-t-on pas de cette sphère une certaine satisfaction ? N'est-ce pas là la preuve indéniable que l'on plait, que l'on entretient les rires, les bonnes humeurs et les tons mélodieux ? La masse sociale, presque aussi influente que l'argent. Un réseau vaut une liasse, n'est-ce pas ?

 

Puis la sphère se rétracte. Un peu. Quand les temps vont mal pour tout le monde, que les besoins sont présents chez chacun 

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(car ce n'est que le début de la fin du monde). Alors on fait, tous, un pas en arrière. Et ceux restés en place ont créé, malgré eux, une élite singulière. C'est une règle vieille comme le monde, l'on n'apprend ici rien de nouveau.

 

Laissons à la sphère toutes ses largeurs. Revenons sur les relations spontanées, celles que l'on enserre bien fort, dans un garrot mortel, pour ne pas rester seul. Celles-là sont plus mortelles que vos étreintes désespérées. Elles détiennent les rênes, comprenez-vous ? Elles tirent sur vos brides et vous vont pleurer et rire et sauter selon leur gré. Elles vous créent une accoutumance.

 

Les êtres humains, plus nécessaires que la cigarette.

 

Alors ils parlent. Ils parlent, ils parlent. Et ils vous disent que vous leur manquez. Et vous répondez, aussi, avec ce même ton implorant, qu'ils vous manquent atrocement, que le temps s'étire et refuse d'être digéré. Et cela dure des heures.

 

Enfin, le bruit des mots retombe, comme les poussières d'une ruine. Que reste-t-il ? Une seule phrase, répétée mille et une fois : « nous nous manquons ». Et le dialogue s'arrête là. Il refuse de déplacer ses possibilités, braqué – le têtu – dans une idée immobile. Les voyageurs immobiles n'existent pas, tout le monde sait cela.

 

Si le Soi et les Autres se figent sur une idée, c'est parce qu'il n'y a rien à construire autour.

 

Rien à dire. Comprenez-vous la différence ?

 

Il faut plus d'une idée pour tenir des illusions.

 

Et il faut être rêveur pour le comprendre.

Mercredi 4 août 2010 à 0:08

 Le Noir et le Blanc sont des opposés. Le Bien et le Mal s’affrontent perpétuellement. Parfois, il nous arrive de jeter un œil au-delà du champ de bataille. Qu’y voyons-nous ? Des doutes. Des angoisses. Des liens.

 

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Je m’interroge souvent sur deux « si » envahissants ; ceux-là même qui décourageraient les éternels adversaires.

 

Le duel, sous toutes ses formes, a-t-il un but ? Deux êtres qui s’entrechoquent savent-ils seulement pourquoi ils le font ? Il y a la rage, bien sûr, de vieilles rancoeurs et un vent de western qui souffle, souffle toujours les clichés. Puis la poussière retombe et les ruines sont évidentes. Se sont-ils affrontés par principe ? Parce qu’ils sont naturellement de natures opposées ? Et si les perceptions se mettaient à changer, que se passerait-il ? Un camp peut-il se vanter de faire le Bien ? Ou bien proclame-t-il ce qu’il fait de Bien ? La différence est énorme, non ? Le Mal n’est-il pas la plus ambiguë des attentions ?

 

Peut-être s’affrontent-ils par incompréhension, pas par principe ?

 

Ou, encore, pour s’accorder un but ? La guerre permet-elle à l’homme de se sentir exister ? Je songe souvent aux grandes figures du cinéma qui se mènent de vicieuses escarmouches sur plusieurs volets. Au chapitre final, l’un des opposants est défait. C’est comme ça.

 

Et après ?

 

Que se passe-t-il, après, pour le Survivant ? Il n’est pas heureux, savez-vous. Il sombre dans la dépression.

 

Parce qu’il a assassiné son but de toujours, ce en quoi en il a cru, ce pour quoi il s’est sacrifié. Il lui a ôté son existence à mains nues. Et la ligne de sa vie, soudain, se brise et ne continue plus. Il a œuvré pour la morale et perd la sienne.

 Terrasser le Mal est la pire des choses à faire, non ?

 [source image : Deviantart/Dom McCan]

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