Je m’interroge souvent sur deux « si » envahissants ; ceux-là même qui décourageraient les éternels adversaires.
Le duel, sous toutes ses formes, a-t-il un but ? Deux êtres qui s’entrechoquent savent-ils seulement pourquoi ils le font ? Il y a la rage, bien sûr, de vieilles rancoeurs et un vent de western qui souffle, souffle toujours les clichés. Puis la poussière retombe et les ruines sont évidentes. Se sont-ils affrontés par principe ? Parce qu’ils sont naturellement de natures opposées ? Et si les perceptions se mettaient à changer, que se passerait-il ? Un camp peut-il se vanter de faire le Bien ? Ou bien proclame-t-il ce qu’il fait de Bien ? La différence est énorme, non ? Le Mal n’est-il pas la plus ambiguë des attentions ?
Peut-être s’affrontent-ils par incompréhension, pas par principe ?
Ou, encore, pour s’accorder un but ? La guerre permet-elle à l’homme de se sentir exister ? Je songe souvent aux grandes figures du cinéma qui se mènent de vicieuses escarmouches sur plusieurs volets. Au chapitre final, l’un des opposants est défait. C’est comme ça.
Et après ?
Que se passe-t-il, après, pour le Survivant ? Il n’est pas heureux, savez-vous. Il sombre dans la dépression.
Parce qu’il a assassiné son but de toujours, ce en quoi en il a cru, ce pour quoi il s’est sacrifié. Il lui a ôté son existence à mains nues. Et la ligne de sa vie, soudain, se brise et ne continue plus. Il a œuvré pour la morale et perd la sienne.
Terrasser le Mal est la pire des choses à faire, non ?